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Le Champ Clos Catalan
25 septembre 2014

CROISEZ LE FER !

Il y a des livres qui restent dans les bibliothèques longtemps, on les lit et on se rend compte qu’on aurait dû les ouvrir plus tôt. D’autres qu’on lit immédiatement, on les aime ou pas, mais on les a lu. D’autres qu’on lit en fractionné pendant plusieurs jours, plusieurs semaines, voire plusieurs mois. Ils reposent fréquemment sur la table de chevet. Certains encore, parmi les favoris sont lu, relu, re-relu encore et encore. Ils demeurent nos préférés et font souvent office de bible, de référence. D’ailleurs, nous pouvons tous en citer un ou plusieurs. De mon côté c’est la Pierre et le Sabre suivi de la Parfaite lumière d’Eiji Yoshikawa et l’Escrime Moderne du Maître Raoul Clery. Pour finir, il y a ce ou ces livres qu’on parcourt plus ou moins en diagonale. Le moment, l’époque de lecture ne nous permet pas de les considérer à leurs justes valeurs. Peut-être parce qu’à cet instant de notre vie, nous ne sommes pas sensible à leur contenu, à la forme de l’écriture, où tout simplement que le sujet ne nous intéresse pas. Et puis… en recherchant une information, ou simplement une idée qui nous semblait leur appartenir… On recherche, on farfouille, on feuillette, on scrute avec avidité ligne après ligne l’information recherchée dans un de ces livres délaissés… et là, on se rend compte que nous sommes passé à côté de quelque chose. Notre recherche est assouvie depuis longtemps… mais on se rend compte que nous sommes passés carrément à côté de l’œuvre. Alors, on prend l’ouvrage entre ses mains, on s’assoie confortablement à son bureau ou son canapé… une lumière douce mais suffisamment vive éclaire les pages et on se dit : « A l’attaque ».

Au fur et à mesure des pages, des illustrations, de chaque tournure de phrases. On marmonne : « Comment j’ai fait pour passer à côté d’un tel livre ! »

 

couv croiser le fer

CROISER LE FER - Violence et culture de l’épée dans la France moderne (XVI°-XVIII° Siècle) fait partie de ces livres. Est-ce le recul par rapport à mon métier de Maître d’Armes ? Le temps passé à enseigner l’escrime ? Où tout bonnement le temps, celui qui s’applique à teindre mes tempes en gris ? Où l’ensemble de toute ces choses ? J’opte pour cette dernière hypothèse.

 

Quoi qu’il en soit, cet ouvrage est un trésor et ce sur bien des points. J’entends encore un responsable d’association me poser la question en Novembre dernier au Grand Marché de l’histoire à Pontoise :

« On dirait que tu as une dent contre les historiens ? »

« Ben non…contre certains seulement. »

 

Pascal Brioist, Hervé Drévillon, Pierre Serna sont historiens et force est de reconnaître qu’ils ont produit un travail digne de leur statut et surtout digne d’intérêt.

Le livre édité en 2002 chez Champ Vallon est riche, très très riche. Comme tout livre d’histoire, il fournit un grand nombre de références et d’exemples. Mais avant toute chose, ce livre apparait comme accessible. Force est de reconnaître que bon nombre de livres écrits par des chercheurs restent inaccessibles au grand public. Rien à voir avec la distribution confidentielle dont peut souffrir certains ouvrages scientifiques mais plutôt dans la façon dont ils sont écrits. Celui-ci déroge à la règle. Du début à la fin l’alchimie complémentaire des trois auteurs ne souffre en aucune manière des différences de plumes. Le lecteur peut suivre avec délectation l’évolution des mœurs duellistes, de cette France dite Moderne, comme s’il lisait un fabuleux livre de Féval, Dumas ou autre Gautier. Les anecdotes référencées alternent intelligemment l’humour et le sérieux. Un ton me diriez-vous, bien français ! Ils respectent donc le thème.

 

Si les anecdotes sont des parenthèses, les arguments et autres témoignages juridiques restent importants si ce n’est primordiaux pour comprendre la violence et la brutalité qui ont gouverné la France et élevé l’épée comme référence incontournable de notre culture. Ainsi, le Maître d’Armes, l’enseignant de combat historique, l’escrimeur, le combattant quel qu’il soit trouvera dans ces lignes des arguments pertinents concernant l’évolution des pratiques, la technique, la société, etc. Plusieurs compilations des coups mortels répertoriés par des chirurgiens éclairent par exemple sur la priorité des touches exécutées par les duellistes. Ainsi, chacun peut trouver dans ces lignes précises et richement argumentées de quoi enrichir ses études Martiales. Un autre point important à souligner est celui d’un terme récurent. C’est celui de « Maître d’Armes », je n’ai pu m’empêcher de sourire régulièrement au fur et à mesure de ma lecture car toute la démonstration de ces 528 pages étayent la filiation évidente de ces Maîtres d’Armes à ceux d’aujourd’hui. Cette association d’historiens apparaît fort fructueuse.

 

Même si cet ouvrage est maintenant âgé de 12 ans, et que certains points de recherche ont avancé, la pertinence et la méthodologie systématique permettent de le classer dans les incontournables. Ainsi, je conseille à toutes et à tous de se plonger dans ces pages délicieusement instructives. Je paraphraserai un collègue en disant qu’il contient 10 informations par page… Une étude donc très riche ! Son succès est sans conteste et je me suis même laissé entendre dire qu’il serait traduit en Russe.

 

Bonne lecture à vous toutes et vous tous.

 4 eme couv croiser le fer

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